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François Villon (1431 -1463 ?)
Villon

(février 2021)

(janvier 2021)

(décembre 2021)

Que sait-on vraiment de François Villon? Pas grand chose...

La plupart des éléments de sa vie restent obscurs et aucun des détails de son existence ne peut nous être confirmé avec certitude. 

François de Montcorbier, fils d'on ne sait qui, serait né en 1431, l'année où Jeanne d'Arc est brûlée à Rouen... Il aurait été recueilli par maître Guillaume de Villon qui, sans doute, l'éduque tant bien que mal. Reçu bachelier à la faculté des Arts de Paris, à 18 ans, il aurait participé à toutes sortes d'émeutes dans le quartier latin et aurait été impliqué dans de nombreuses bagarres estudiantines. En 1452, il serait licencié et maître ès Arts. Cela ne l'empêche pas de continuer d'être condamné pour des délits de tous genres... jusqu'au jour où il commet un crime au cours d'une violente dispute.

Qui est donc ce voyou-écrivain, obligé de s'exiler et de fuir Paris?

 

"Je, François Villon, écolier (...)

Le frein au dent et franc au collier"

 

Et de qui parle-t-on?

De ce rimeur génial qui lègue ses vers en "L'an quatre cens cinquante six"?

De ce brigand qui a cambriolé le trésor du collège de Navarre?

De ce poète mystérieux qui a participé au "concours de Blois"?

"Je ris en pleurs et j'attends sans espoir"

De ce Coquillard emprisonné à plusieurs reprises, voleur impénitent, condamné à être pendu et libéré in extremis?

De cet écrivain anticonformiste qui se moqua des lois et du système établi?

"Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Chaud comme feu, et tremble dent à dent,
En mon pays, suis en terre lointaine ;
Lez, un brasier frissonne tout ardent ;

Nu comme un ver, vêtu en président,

Je ris en pleurs et attends sans espoir..."

En 1463, François Villon, incarcéré au Chatelet pour vol, condamné à mort par le prévôt de Paris, échappe (une fois de plus ?) à la pendaison et voit sa peine commuée en interdiction de séjour de dix ans. Il quitte la capitale et disparaît, en emportant avec lui sa légende de mauvais garçon et en nous laissant ses écrits comme seuls Lais et Testament.

"Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !"

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Guillaume Apollinaire (1880 -1918)

Guillaume Apollinaris de Kostrowitzka, officiellement né d'un père inconnu et d'une mère d'origine polonaise, créateur de calligrammes, inventeur du mot "surréalisme", poète novateur et provocateur, adepte de la fantaisie et du canular, auteur de textes où se mêlent sensibilité amoureuse, érotisme sublimé ou paillardise obscène, ami de Picasso, critique d'art et engagé volontaire dans l'armée, meurt deux jours avant l'armistice, emporté par la grippe espagnole.

S'il ne faut retenir qu'un seul poème de lui, ce serait celui-ci:

 

Le pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
            Et nos amours
       Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
Les mains dans les mains restons face à face
            Tandis que sous
       Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
L'amour s'en va comme cette eau courante
            L'amour s'en va
       Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
 
Passent les jours et passent les semaines
            Ni temps passé
       Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
 
     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

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Achille Chavée (1906 - 1969)     "Plus le fleuve est large, plus l'autre rive est belle"
Apollinaire
Achille Chavée
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   Drôle de coco, cet Achille Chavée !

     Né à Charleroi, élevé dans une famille bourgeoise et catholique de La Louvière,  il fait des études de droits à l’ULB, devient libre-penseur et adhère au Parti ouvrier Belge. Il est même partisan du rattachement de la Belgique à la France et fonde, d’ailleurs, à La Louvière l’« Union fédéraliste wallonne ».

     Inscrit au barreau de Mons en 1933, il se fait assez vite une réputation d’avocat anticonformiste et plutôt fantasque. Il soutient les mouvements insurrectionnels des ouvriers et fait la rencontre, durant ces grèves sauvages, de Simone Vanderstok, qui deviendra sa femme quelques années plus tard…

     Il se consacre également à des activités littéraires : l’avocat - poète crée en 1934 « Rupture », un groupe trotskiste et anticlérical, qui est rapidement reconnu par André Breton comme faisant partie du mouvement surréaliste. Chavée organise, toujours à la Louvière, la première exposition surréaliste en Belgique : des œuvres de René Magritte, Giorgio De Chirico, Yves Tanguy, Salvador Dali, Max Ernst, Hans Arp, Paul Klee, Joan Miro, Man Ray  y sont exposées ; on y lit des textes d’André Breton, René Char, Paul Eluard, Paul Nougé, Benjamin Péret. C’est un échec total ! Le public ne comprend pas et ricane… Il publie cependant l’année suivante son premier recueil.

     En 36, il s’engage dans les Brigades internationales pour défendre l’Espagne républicaine contre les franquistes et adhère au Parti communiste auquel il restera fidèle toute sa vie. De retour en Belgique, on l’accuse d’avoir participé à des tribunaux révolutionnaires, ce qui, semble-t-il, est vrai, et à des séances de torture, ce  qui paraît moins sûr et qu’il niera farouchement toute sa vie…

Je me de de

 

Je me vermine
je me métaphysique
je me termite
je m'albumine
je me métamorphose
je me métempsychose
me dilapide
je n'en aurai jamais fini


Je me reprends
je me dévore
je me sournoise
je me cloaque et m'analyse
je me de de
je m'altruise
je deviens mon alter ego
je me cache sous les couvertures
je transpire l'angoisse
je vais crever madame la marquise

 

Achille Chavée, Le grand cardiaque, La Louvière, 1969

     Résistant durant la guerre 40-45, il échappe de justesse à la Gestapo, mais est obligé de vivre dans la clandestinité. Son ami de toujours, Fernand Dumont, quant à lui, n'aura pas la même chance; arrêté et déporté, il mourra dans les camps de concentration. Achille Chavée ne se remettra jamais vraiment de la perte de son ami...

     L’après-guerre est marquée par des tensions au sein des surréalistes belges entre les « Bruxellois » et les « Hennuyers ». Par ailleurs, Achille Chavée reste un partisan presqu’inconditionnel du rapprochement entre le surréalisme et le communisme. Cette position deviendra au fil des années de plus en plus difficile à tenir, tant à cause de la vision que le communisme pose sur la création artistique, que du fait de l’indifférence, voire de l’hostilité, de la plupart des artistes à l’égard du communisme.  Quoi qu’il en soit, de 1948 à sa mort, il a publié une trentaine de recueils de poésie.

     Poète de l’insurrection, utopiste désabusé, rêveur mélancolique, avocat hors du commun, figure incontournable du surréalisme belge, Achille Chavée, vaincu par un cancer des poumons, s’éteint Le 12 décembre 1969, dans l’indifférence presque générale.

Raison

J'étais venu pour planter ma présence

comme un stylet

dans la poitrine du malheur

j'étais venu

pour parfumer la dentelle des fées

pour capter le regard angoissé d'un ami

pour laver les dents de la métaphysique

pour peigner le silence

sur les épaules de la nuit

pour isoler le grain de sable

et me confondre en lui

et vous restituer aux grandes origines

pour penser longuement à l'âme du futur

à la structure du désir

à l'immanence du secret qui rode la matière

Achille Chavée, La vie et mort naturelle, La Louvière, 1965

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