Le théâtre, c’est la vie…
Le théâtre, c’est la vie, parce que tout est écrit à l’avance….
Et que, dès les premières répliques, la machine se met en route et vous conduit inexorablement vers la fin. Si un personnage doit être ridicule, ce sera toujours au même moment. S’il doit tomber amoureux, il tombera amoureux ; s’il doit croire que son bonheur est fini à jamais, il le croira… Rien ne pourra le détourner de son chemin. On pourra même prédire combien de temps cela prendra. Durée du spectacle : 1h35. Une heure trente-cinq pour vous guider très exactement là où le dramaturge avait l’intention de vous mener.
La vie est ainsi faite : nous pensons emprunter des routes inconnues et sans nous en rendre compte nous marchons dans les pas de quelqu’un d’autre ; nous parcourons des sentiers battus, avec l’étonnement de celui qui découvre une nouvelle voie… Par contre, la durée exacte de notre propre aventure, nous ne la connaissons pas !
Mais le théâtre, c’est aussi la vie, parce que rien ne se passe jamais comme prévu…
Et que tout peut se dérouler autrement : la comédien peut oublier sa première réplique, la comédienne peut trébucher sur un mot ou dans les plis d’un tapis, le public peut applaudir au moment où l’on ne l’attendait pas… le costume peut se déchirer, la fausse moustache se détacher, la musique ne pas démarrer à temps ou la lumière s’éteindre trop vite.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : le théâtre, c’est la vraie vie !
Parce que tout est faux… mais que sur scène, au moins, tout le monde est bien conscient qu’on est en représentation….
(novembre 2021)
Le choucas a-t-il un potentiel poétique ?
Personne ne mettra en doute le caractère littéraire et lyrique des oiseaux : certains, grandioses et solennels, planent gracieusement dans les cieux, comme des incarnations majestueuses de la liberté ; d’autres, plus frêles et plus délicats, évoquent modestement la précaire condition humaine ; tous semblent pouvoir servir de porte-plume aux poètes (Hum !) ; ils sont comme l’annonce d’une signature au bas de la feuille… Messagers incontrôlables de toutes nos aspirations, ils glissent dans les airs et agrémentent nos vies littéraires de leurs gazouillis…
Mais le choucas ?
Noir jusqu’au bec, cet animal de mauvais augure prend des airs de corbillard volant… Son sinistre uniforme en fait une sorte d’affreux vicaire annonciateur de mauvaises nouvelles…
Même son cri, piaillement criard et déplaisant, couinement baveux et répugnant, est tellement désagréable qu’on est presque soulagé d’entendre le jacassement laborieux des pies …
Autant le dire tout de suite, le choucas est un abominable oiseau dépourvu de toute force poétique.
Jamais il ne trouvera de place dans quelconque poème… D’ailleurs son bannissement de la poésie semble avoir été arrêté depuis la nuit des temps.
Une nuit noire bien sûr !
(août 2021)
Le croyant mis à nu ! (Extrait de dialogue)
- Quelle est la différence entre l'indifférence et la foi ?
- C'est une bonne question, mais vous savez, moi, ça ne m'intéresse pas vraiment… Et vous ?
- Moi ? En fait, moi, je suis croyant, mais non pratiquant.
- Comme c'est intéressant. Moi, je suis nudiste.
- Ah bon… !
- …mais non pratiquant.
Les mots
Parfois les mots s'imposent comme des évidences.
C'est une pluie qui tombe, un cri qui se déploie, un arôme entêtant et délicieux, un panorama bouleversant qui s'ouvre à vos regards, un souvenir qui ne décroche pas...
Parfois les mots attendent craintifs ou indécis.
Ils titubent et vacillent, ils avancent à reculons, ils hésitent à répandre leur parfum, ils se taisent ou chuchotent pour ne pas réveiller l'enfant qui dort ou le rêve qui sommeille...
D'ailleurs, la nuit, les mots ne dorment pas…
La neige
La neige ne tombe pas, elle descend. Et le flocon, tout le monde le sait, il hésite. Il voudrait remonter, aller se réfugier dans son nuage, mais c'est impossible. Une fois lâché dans l'air, son sort est scellé... Tôt ou tard il touchera le sol pour y finir ses derniers jours. Personne ne s'est jamais pleinement rendu compte que la terre ferme est l'hospice des flocons de neige.
Nous préférons croire que cette couche neigeuse est un manteau de blancheur qui camoufle toutes les laideurs des paysages.
La neige ne couvre pas, elle se disperse et cherche à se cacher ; mais elle ne trouve pas d'abri suffisamment spacieux pour la protéger. Et nous, nous la contemplons, admiratifs, pensifs... Fascinés ! Totalement ignorants du drame qui se joue devant nos yeux.